ALLOCUTION

 
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ALLOCUTION du Premier ministre, Monsieur Adrian Năstase à la cérémonie de dévoilement du buste du prince Michel le Brave - Câmpia Turzii, le 15 août 2001

Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Chers collègues,

Je suis très heureux de me trouver aujourd`hui, de nouveau, avec vous, pour nous rappeler et, d`autre part, pour réfléchir à ce que nous avons encore à faire. Probablement qu`il y a beaucoup de personnes qui se demandent pourquoi ce besoin de regarder derrière nous, de bâtir des monuments, mais il est évident que nous devons prouver notre légitimité non pas pour nous-mêmes, mais parce qu`il faut marquer le territoire de notre existence nationale, joignant la force de l`histoire à la vigueur du présent.

Qu`est-ce que Michel le Brave nous enseigne, en fait, en tant que leçons pour le futur ?

Avant tout, il nous a enseigné la force de l`unité roumaine, étant le premier qui, outre le fait d`avoir pensé à cette unité de la destinée roumaine, l`ait accomplie, même si ce ne fut que pour peu de temps.

Deuxièmement, il a donné une impulsion spéciale à cette unité territoriale, fixant en Transylvanie la capitale de ce pays. De ce point de vue, Michel le Brave restera lié à l`histoire de notre pays, parce que son corps gît dans ces terres, dans un endroit tourmenté le long des siècles et, bien que sa tête ait été déposé au monastère de Dealu, marquant, des siècles durant, le symbole de l`amitié et la crainte de la trahison, c`ici, à Câmpia Turzii, qu`est l`endroit d`où nous pouvons regarder tout ce que signifie l`histoire roumaine d`avant et d`après 1601.

Voilà pourquoi j`ai voulu être ici, à vos cotés, ce jour saint de la chrétienté et des Roumains, avec mes collègues, afin de marquer avec vous ces leçons tirées du passé, réfléchir ensemble à notre relation complexe avec l`Occident et parvenir à comprendre que nous avons combattu chaque fois pour nos intérêts nationaux, sans que ces intérêts coïncident forcément avec ceux des puissances occidentales. Cette leçon que nous apprenons en lisant les pages d`histoire sur Michel le Brave, représente pour nous un moment de réflexion, à l`heure actuelle où il y a, parfois, trop de naïveté et de romantisme.

Qu`est-ce que nous avons encore à faire ? Avant tout, nous devrons comprendre que non pas tous ceux qui nous regardent veulent notre réussite, non pas tous ceux qui nous donnent des conseils souhaitent sérieusement que nos efforts nous mènent à bon port.

L`intérêt majeur de réussite c`est nous-mêmes qui l`avons, c`est pourquoi, force est d`apprendre la leçon de Michel le Brave et de ceux qui ont suivi son exemple de solidarité, de comprendre que de sérieuses batailles vont avoir lieu, que ce soit des compétitions ou des sports olympiques, elles représentent des concours auxquels chacun participe poussé par son propre intérêt et nous, les Roumains, devrons rassembler toutes les énergies dont nous disposons pour réussir et ceci non pas au bénéfice des autres, mais pour nous-mêmes. Nous sommes conscients que nous vivons une époque où les évolutions nous marqueront fort dans les décennies à venir et, si nous ne savons pas mettre en pratique ce que l`histoire nous a appris, nous risquerons à rester divisés et à voir venir d`autres, qui nous apprennent ce que c`est notre histoire, distribuant en Roumanie les drapeaux de je ne sais quel empire ; on découvrira des monuments cryptocommunistes roumains dans des pays voisins de la Roumanie si nous ne savons pas dire fermement qui nous sommes, ce que nous voulons, si nous savons pas expliquer que la liberté des uns est limitée par la liberté des autres.

C`est pourquoi ce moment, ici, est une très bonne occasion de marquer notre place dans l`histoire. C`est donc un moment qui nous permet de nous en souvenir et de réfléchir à notre rôle de peuple européen et, notamment, de comprendre que l`armistice politique interne, la paix sociale, la réussite économique représentent les moteurs qui nous permettront d`aller de l`avant.

C`est pourquoi je voudrais vous saluer encore une fois et vous dire en toute affection, heureux de vous retrouver, que nous sommes décidés, après ces huit mois de gouvernement, de continuer à chercher les meilleures solutions pour faire en sorte que chaque pièce, chaque composante de l`économie roumaine parvienne à réussir, le mieux possible, et tous à la foi nous retrouver dignement dans un état de bien-être dans un pays que nous apprécions tous par tout ce que nous faisons, afin qu`elle soit crédible à l`étranger.

Permettez-moi donc de vous dire, encore une fois, que cette initiative de construire, de dévoiler ce buste de Michel le Brave ici, à Câmpia Turzii représente un effort qui signifie, à la fois, un message pour les autres, pour les habitants de Transylvanie, pour les habitants de la Roumanie.

Ces jours-ci nous sommes tous unis dans l`effort de chercher nous-mêmes les ressources que nous sommes surs d`avoir, pour réussir certaines choses qui nous paraissent aujourd`hui banales, de parvenir, par exemple, à pouvoir circuler librement à travers notre continent. Ceci paraît paradoxal, mais il nous faut nous battre pour avoir cette liberté. Avant 1989 on nous aurait dit que c`est une chose tout à fait naturelle, sauf que cette possibilité est bloquée par le communisme. Après 1989, nous avons appris que, bien qu`il n`y ait plus de visa roumain pour partir vers l`Occident, nous avons besoin de visa de l`Occident pour pouvoir voyager librement dans cette partie-là de l`Europe.

Il existe, naturellement, une certaine explication, nous devrons sans doute prendre des mesures fermes à l`encontre de ceux qui, d`une certaine manière portent atteinte aux droits et libertés des autres. Le fait que différents Roumains circulent à travers le monde franchissant les frontières comme bon leur semble, risquant parfois leur vie, mais risquant aussi, d`une certaine manière, la liberté de déplacement de 22 millions de Roumains, n`est pas correct et nous allons prendre des mesures afin que ceux qui commettent ce genre choses, par manque de responsabilité, en supportent les conséquences, car il n`est pas normal que 22 millions de Roumains portent la responsabilité de certaines personnes qui passent outre les barrières de mines, qui se font fusiller la nuit sur les lignes de conflit.

Tout ceci signifie en grande mesure qu`il faut savoir respecter autant nos valeurs que celles des autres. La nouvelle Europe est un monde à la construction de laquelle nous aussi participons.

Voilà pourquoi, chers amis, permettez-moi de vous dire encore une fois que nous voulons recommencer un combat qui sera extrêmement dur, à partir du moi de septembre, quand nous allons redécouvrir les difficultés sociales, les problèmes économiques, le manque de patience, parfois le manque de tolérance et la seule chose qui nous réunisse dans nos efforts sera la présomption de bonne foi. Essayons donc clairement, avec sagesse, de résoudre les problèmes que nous avons, de comprendre que nos relations avec nos voisins sont importantes, comme nous en avons prouvé hier à Sofia, car, peut-être, une trop longue période nos relations avec les voisins ont reposé plutôt sur des disputes au sujet des chapitres de nos histoires. Force est que nous tenions davantage compte des choses qui nous relient, nous devrons faire mieux attention à nos objectifs communs pour le futur et, peut-être, de cette manière, nous allons réussir à nous en sortir ensemble.

Je vous remercie, encore une fois, Monsieur le maire, chers conseillers et amis, pour cette invitation, et que le Bon Dieu fasse que cette journée, cette fête, nous amène la bénédiction dont nous avons besoin et, dans le même temps, nous rende la force d`accomplir ce que nous avons à faire !

 

Le Cabinet du Premier Ministre - DAIS
15 aoùt 2001